Pourquoi continue-t-on à faire des régimes ?

Alors que 2021 approche à grands pas, vous êtes peut être déjà pleine de bonnes résolutions pour commencer l’année du bon pied. Et souvent, l’une des résolutions qui revient chaque année c’est « Bon cette année, c’est la bonne, j’ai bien l’intention de perdre X kilos ! ».

D’autant plus que 2020 et son confinement est passé par là… Vous avez peut être profité de cette période pour tester plein de nouvelles recettes tout aussi gourmandes les unes que les autres, et qui se sont ressenties sur la balance au déconfinement !

Rares sont les femmes qui au cours de leur vie n’ont pas essayé au moins une fois de suivre un régime, ou un plan alimentaire, ou un rééquilibrage alimentaire (peu importe le nom).  Et pourtant, 95% des régimes échouent. Au bout d’un an, la plupart des personnes ont repris le poids perdu, voir même davantage.

Comme vous le savez si vous me suivez depuis un moment, je suis une grande adepte du Batch Cooking ! Mais de manière générale, tout ce qui est en rapport avec l’alimentation, et en particulier le lien entre le psychologique et l’alimentation me passionne.

Je me suis mise dernièrement à écouter des podcasts. J’apprécie ce format, ça change d’un livre où la tâche peut sembler fastidieuse et prend souvent plusieurs jours (en tout cas pour moi). Avec le podcast, vous avez un condensé d’informations que vous pouvez écouter, et cela vous prend peu de temps !

Je suis alors tombé sur le podcast de Louie Media : Pourquoi continue-t-on à faire des régimes ?

J’ai donc eu envie de vous retranscrire ce podcast, vraiment très instructif ! Car c’est vrai, pourquoi on s’acharne à faire des régimes, alors que comme je le disais précédemment, il y a 95% d’échec ?

Un peu d’histoire…

Alors que ce sont plutôt les femmes qui suivent un régime, c’est à un homme qu’on doit le 1er régime amaigrissant : William Banting. Ancien croque mort anglais obèse dans les années 1860, il raconte comment il a maigri en faisant la chasse aux sucres.

Il va partager sa méthode, mais son discours n’était à l’époque, pas spécialement dirigé vers les femmes comme aujourd’hui. Il était même plutôt destiné vers les hommes (incroyable non ?!).

En effet, à l’époque, il y avait cette crainte dans les années 1880-1890 que l’industrialisation dévirilise les hommes. En effet, le travail derrière un bureau à gérer de la « paperasse » commençait alors à émerger, mais n’était pas considéré comme un « vrai travail masculin ». Pour retrouver leur force masculine, l’idée reçue était donc que les hommes devaient perdre du poids et gagner du muscle.

Ceci étant, au 19e siècle, la femme est quand même touchée à cette époque par le culte de la minceur : elles portent des corsets, et déjà des charlatans vendent des pilules minceurs qui contiennent tout et n’importe quoi. C’est aussi à cette époque que naissent les 1ers magazines féminins américains comme Vogue.

Mais l’engouement pour les régimes amaigrissants et la féminisation de cette tendance n’intervient réellement qu’à la fin de la 1e guerre mondiale, avec la découverte des vitamines… mais surtout des calories.

Un livre fait alors sensation vers 1918, publié par le Dr Lulu Hunt Peters. Elle introduit le concept de la calorie au grand public, à un moment où on demandait aux femmes de surveiller leur silhouette, que ce soit pour leur santé, mais aussi pour leur beauté.

L’aspect politique était également présent,  puisqu’il fallait fournir aux soldats les apports caloriques nécessaires pour pouvoir mener le combat.

Dans les années 1920, l’image de la femme moderne change encore. On passe de la femme « sablier » à la garçonne filiforme. Les stars de cinéma de l’époque font donc tout pour garder une silhouette androgyne, avec des restrictions au niveau des calories.

A cette époque, tout le monde fume aussi énormément car la cigarette était considérée comme LE moyen pour garder la ligne ou maigrir. Certaines marques en faisaient même leur slogan comme Lucky Strike :  « Prenez une Lucky au lieu d’un bonbon ».

La « propagande » de la minceur est donc à un haut niveau à cette période : magazines féminins, livre sur les régimes, et les stars qui se prêtent au jeu. Les femmes sont donc prêtes à tout pour rester minces.

Les régimes en fonction de nos préoccupations sociétales 

Mais les régimes suivent aussi la mode des préoccupations sociétales ou environnementales du moment : par exemple, le régime Détox est apparu en même temps que la grande méfiance vis-à-vis des produits alimentaires et transformés, et de nos préoccupations écologistes, quand on a pris conscience que nos pratiques alimentaires avaient des conséquences sur l’environnement.

On y a ajouté la volonté de perdre du poids et de retrouver la santé. Ce régime, à base de jus de fruits et de soupes, a donc pris pour des raisons écologistes, de santé, mais aussi de beauté.

On choisit donc aussi nos régimes en fonction de nos valeurs, et de ce qu’on cherche à défendre de nos idées.

Notre corps, reflet de notre condition sociale

Le corps a toujours été perçu comme un obstacle au développement de l’esprit, soit comme son extension. Une extension qui reflète aussi notre condition sociale.

Il est arrivé que certains régimes prônent le gain de poids. Dans une société où la nourriture vient à manquer, être en surpoids est un signe extérieur de richesse et de beauté.

Dans les pays industrialisés, où les calories sont abondantes et peu chères, le surpoids et l’obésité sont associés à la pauvreté, et sont considérés comme peu attirants et inesthétiques. L’évaluation des critères de beauté se fait aussi sur la base de classe sociale.

Le régime : un moyen de contrôle

Derrière l’idée des régimes amaigrissant, il y aussi l’idée du contrôle de soi et de ce qu’on met dans son corps, qui est quelque chose qu’on valorise énormément dans notre société. Les gens qui réussissent à se modérer, à ne plus manger de sucres ou de chips, seraient moralement supérieurs aux personnes qui cèdent à leur envie d’engloutir une tablette de chocolat.

Les régimes sont aussi un moyen de contrôler les femmes. Les années 1980 sont marquées par la génération « working girl », mais aussi par les années « aérobic ». Il faudrait donc maitriser son corps comme on maîtrise sa carrière. On associe alors la minceur à la productivité et à l’efficacité.

Quelles sont les conséquences d’un régime ?

Florence Pujol, diététicienne, nous informe qu’au 1er régime, on commence à mettre en place la machine de la résistance à la perte de poids, que ce soit physique ou mental. C’est comme si on appuyait sur un bouton qui indiquait au corps que le but du jeu va être de stocker. On stocke + et on dépense moins.

Au fur et à mesure des années, cette résistance à la perte de poids, cette augmentation de la stimulation du stockage (qui est liée à la restriction mentale) va engendrer une prise du poids : plus on fait de régimes, plus on prend du poids.

Au fur et à mesure des régimes, on diminue le métabolisme de base : le corps va moins produire de cheveux, moins produire de peau.. En résumé, va moins produire de tout ce qu’il considère de peu utile, car le corps va se servir du peu d’énergie qu’on lui donne uniquement pour l’essentiel.

Estime de soi : elle en prend un coup pendant les régimes !

J’aime beaucoup l’image que nous transmet Florence Pujol : elle nous indique que plus on fait des régimes, plus on a des « shoots » de bien être émotionnel quand on a des pertes de poids (comme une drogue en fait !).

 

Et comme une drogue, il y a aussi le côté sombre : lorsqu’on va reprendre du poids, ou « craquer », on va de + en + plonger dans un genre de dépression latente. On ne s’aime plus, on se déteste, on se voit à travers des lunettes émotionnelles qui sont de + en + négatives vis-à-vis de soi, on ne trouve nuls, sans valeur et sans intérêt.

Faire un régime détruit non seulement des cellules, mais aussi un psychisme.

C’est souvent un cercle vicieux, car c’est souvent une piètre image de soi qui nous pousse à commencer un régime.

Exemple du régime cétogène 

Le régime cétogène est un régime à très basse teneur en glucides (sucres) compensé par un renfort des lipides (gras).

Beaucoup d’aliments sont donc exclus. Tout ce qui est à base de sucres (miel, nutella, gâteaux, chocolat..) mais aussi tout ce qui est à base de farine (pâtes, pain, riz, certains types de céréales, haricots rouges, lentilles, mais aussi certaines fruits comme les bananes).

Les aliments autorisés sont par exemple le beurre, l’avocat, les œufs, ou même le bacon !

Au début de ce régime : le corps est souvent déshydraté et manque de nutriments essentiels à son bon fonctionnement, et comme il cherche à bruler des sucres qui n’existent plus, notre corps est perdu !

La plupart des personnes ayant suivi ce régime ont des réactions semblables : la perte de poids est rapide, on se sent hyper en forme, bien sa peau, voir plus productif.

Florence Pujol reprend son expression de « shoot » : on est shooté à ce mieux être, on augmente l’estime de soi, on augmente l’affirmation de soi, qui est liée à la douleur corporelle qui est celle de perdre des cellules et de maigrir.

Mais le corps, pour enrayer cette perte de cellules, va pousser le cerveau à être le plus intelligent possible pour retrouver de la nourriture !

Cet état super héroïque ne dure pas. Comme toute drogue, il y a une descente. Quand on a un coup de déprime, on lâche tout, on perd le contrôle, et on se réalimente d’une façon désorganisée, sans écoute corporelle. On mange, car on a besoin d’arrêter de penser.

Et là c’est la chute : on s’apprécie moins, on se sent nulle, et à nouveau on a besoin de recommencer pour reprendre une dose de « shoot », et donc de régime.

Quand on fait un régime, on est dans le contrôle total, c’est ça qui est satisfaisant, surtout quand on perd du poids. Mai tenir un régime H24 est épuisant psychologiquement ! C’est là qu’on se lâche, et donc qu’on s’en veut, et donc qu’on va recommencer un nouveau régime.

C’est très important de ne pas passer sa vie à « faire attention », ou de se dire qu’on ne fait pas le « bon poids ». Faire attention, c’est déjà faire un régime, c’est déjà apporter une structure et un cadre. C’est un moyen de gouverner.

Il faut plutôt s’écouter et réfléchir à la façon dont on mange.

Mais si tous les régimes sont des échecs : comment faire si on veut perdre un peu de ventre et/ou un peu de cuisse ou autre ?

D’après Florence Pujol, cela passe par un travail sur notre comportement alimentaire.

 » Il faut que la tête soit à la disposition du corps, et non pas l’inverse. Pour se sortir de là, il faut réapprendre à se faire confiance, à lutter contre ses peurs, à accepter ses émotions, à pas les « bouffer » au sens propre du terme, c’est à dire, « manger pour éviter de dire ». »

Quand on est enfin soi, on est libéré. Le corps se libère donc de son poids, de ses valises émotionnelles psychiques, et corporelles qu’il porte.

De là, on s’allège, et on réussit à s’aimer suffisamment pour accepter la sensation de faim, accepter de se faire plaisir pour de vrai, « parce que je le vaux bien », accepter d’être triste ou d’être en colère.

 

3 conseils fournis par la diététicienne :

  • Ecouter ses sensations et manger quand on a faim, pas parce que c’est l’heure
  • Travailler avec un spécialiste et faire le lien entre émotions et prise alimentaire : pourquoi on mange, est ce qu’on est fatigué, triste, on s’ennuie.. ?
  • Travailler l’image de soi

Entre les injonctions omniprésentes à une minceur symbole de réussite, la valorisation du contrôle de soi , et tous ces avant/après qui semblent montrer que les régimes ça marche, et que si ça ne marche pas, c’est nous qui sommes nuls, cela devient d’autant plus difficile de s’aimer et surtout de s’écouter… alors que cela devrait être notre priorité !

En conclusion, je dirais qu’au lieu de prendre la résolution de vouloir perdre X kilos en 2021, pourquoi ne pas décider de faire la paix avec la nourriture et s’aimer enfin ?

 

 

2 réflexions sur “Pourquoi continue-t-on à faire des régimes ?”

  1. En fait les régimes, plus on en fait, moins on maigrit ou plus ils sont restrictifs.
    Pour moi, il est important de se faire plaisir en mangeant et de retrouver ses sensations. Ca ne veut pas dire manger du chocolat ou des biscuits à tous les repas, loin de là. Je me fait plaisir en mangeant un curry de légumes ou un poisson en papillote.
    Je valide cette résolution pour 2021 : prendre soin de soi avant de prendre soin de son poids !

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